En descendant la rue
était-ce une avenue
il y avait ces arbres au rythme de l'ivresse
Ce temps étrange d'oiseaux chanteurs
d'abeilles revenues
et de lamentations
les rorquals s'ébattaient dans les calanques vides
l'on voyait de très loin les montagnes aigües
l'Himalaya brillait de feux insoupçonnés
les pangolins jouaient de leurs écailles froufroutantes
et volaient les souris au ciel de Chine
Mort innocente aux ailes membraneuses
En descendant la rue
était-ce une avenue
il y avait ces masques inquiétante kermesse
Ce temps étrange pas un moteur
silence saugrenu
vendredi de Passion
le pape bénissait mais Saint Pierre était vide
l'on sentait de très loin ce parfum de cigüe
nous étions libres encore déjà emprisonnés
nos mains nos bouches étaient scellées d'une angoisse entêtante
fermées les écoles vidées les usines
Mort indécente à la couronne hideuse
En descendant la rue
était-ce une avenue
j'ai croisé ton regard fascinante détresse
Ce temps étrange et corrupteur
tes yeux d'épaules nues
éveillant ma passion
ton regard accroché au dessus de ce vide
me fit soudain frémir ton sourire ambigu
je grelottais de fièvre déjà empoisonné
tes mains ta bouche m'avaient cloué d'un baiser amarante
Le souffle coupé par toi Mélusine
ainsi je meurs poigné par main rieuse